La Mécanique moderne des Solides et des Structures a démarré en France de façon tardive et s’est initialement concentrée sur ses aspects théoriques. Placé entre la Mécanique théorique et l’analyse numérique le calcul des structures restait dans les années 80 à un niveau relativement faible.
La communauté s’est véritablement constituée en 1985-86 avec la création du “GRECO-GIS” “Calcul de Structures et Intelligence Artificielle”. Ce dernier était une structure de recherche organisée en réseau autour d’un thème assez large et groupant des équipes universitaires et industrielles. Elle a permis :
- une interaction d’idées au sein d’une communauté qui s’accorde à mettre en commun les résultats et les bénéfices qui en résultent
- l’interaction de plusieurs spécialités et plusieurs cultures.
Le cœur du programme de recherche, qui reflétait les besoins des industriels, visait à l’ouverture de l’analyse des structures vers l’intégration de considérations technologiques, l’amélioration des performances et l’appréciation de la qualité des résultats, l’intégration d’une bonne mécanique des matériaux et des techniques de programmation les plus avancées particulièrement l’intelligence artificielle. La partie GRECO correspondait aux recherches plus amont la partie GIS aux recherches finalisées débouchant notamment sur la création de logiciels ou de maquettes logiciels.
Créé et dirigé par Pierre Ladevèze, le GRECO-GIS a été fortement soutenue par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MENRT)et la Direction Générale de l’Armement (DGA). Ce soutien a notamment permis d’équiper nombre de laboratoires en station de travail.
Le Comité Scientifique était présidé par O.C. Zienkiewicz. R. Ohayon, J. C. Lachat, J. P Grellier, J. M. Fouet et R. Monin, ont également joué un rôle majeur dans la réussite du GRECO-GIS.
Il est intéressant de noter que d’autres communautés mécaniciennes françaises se sont également créées dans les années 80 par l’intermédiaire des GRECO “Grandes déformations et endommagement” et du GRECO “Mécanique des Fluides Numériques”.
A ses débuts, en 1986, le GRECO-GIS regroupait environ 12 équipes universitaires (75 chercheurs concernés) et 15 équipes industrielles, en 1990 au moment de la clôture du GRECO-GIS il regroupait 21 équipes universitaires (100 chercheurs concernés) et 31 équipes industrielles. Parmi les quarante cinq maquettes de logiciels prototypes réalisées, quinze auront donné lieu à un processus d’industrialisation.
Le GRECO a été clôturé par une “European Conference on New Advances in Computational Structural Mechanics” (Chairmen P. Ladevèze – O.C. Zienkiewicz) organisée sous les auspices de l’IACM.
La communauté née du GRECO-GIS a souhaité poursuivre les liens étroits créés dans le domaine “Computational Mechanics” entre les équipes universitaires et industriels en créant en 1990 l’Association “Computational Structural Mechanics” Association affiliée à l’IACM. Le CSMA organise notamment tous les deux ans un Colloque National en Calcul de Structures à Giens sur la Côte d’Azur.
Ce colloque connaît un succès toujours croissant comme en témoigne le nombre de participants (+ de 200) lors du dernier colloque organisé par le LMA de Marseille. Au vu des derniers colloques et des auteurs concernés on peut estimer que la communauté “Computational Mechanics” Française regroupe aujourd’hui quelque 800 à 1000 membres.
Les différents comités d’administration sous la présidence successive de : R. Ohayon (90-96), N.Q. Son (96-99) ont veillé à la qualité scientifique de ces colloques et à l’animation scientifique dans le domaine de l’organisation de journées de travail. Les thèmes traités sont très variés. À titre d’exemple les dernières journées organisées ont porté sur :
- les techniques alternatives aux E.F.
- l’analyse de sensibilités pour les problèmes non linéaires
- le recalage de modèle
- les éléments de frontières.
Traditionnellement quatre conférenciers deux issus du monde industriel, deux du monde universitaire présentent une conférence générale. Ces conférenciers ont, par exemple, été O. Debordes (LMA-Marseille) sur ” Calculs des structures et architecture de logiciels “, J.C. Lachat (Usinor-La Défense) sur ” Recherche et développement dans la mise en œuvre des aciers “, J.J. Moreau (LMGC-Montpellier) sur ” Evolution en présence de liaisons unilatérales ” et M. Vialle (Eurocopter-Marignane) sur ” CAO, calculs, essais dans les hélicoptères “.
Parmis les principaux thèmes traités ont note, par exemple :
- Dynamique, vibration et contrôle actif
- Lois de comportement, identification, composite
- Méthodes numériques et informatique alternatives, logiciels
- Optimisation, parallélisme, maillage et adaptativité
- Poutres, plaques et coques
- Contact et frottement
Il est également à noter, qu’en dehors des présentations orales, qu’une soirée spéciale est consacrée à des démonstrations de logiciel de recherche. L’ensemble fait que le colloque de Giens est tout à fait passionnant avec un mélange remarquable d’ingénieurs et de chercheurs et un équilibre très agréable entre chercheurs débutants et chercheurs expérimentés et reconnus.